Défaites de famille

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Lors d’un prochain repas familial, quand notre connard de cousin, directeur des ressources humaines, commencera à dire, avec un vocabulaire châtié, 

 

  • que “la France ne peut plus accueillir toute la misère du monde 
  • qu’« il y a trop d’immigrés » (en voulant dire trop de bougnoules, de nègres et de gens de l’est)…

 

Voici 10 arguments pour lui fermer sa gueule ou au moins justifier que tu le traites de raciste :

 

1) Tu peux démarrer en douceur en lui disant combien il y en a

« Eh, cousin, tu sais que la France compte 6,5 millions d’immigrés, soit moins de 10 % de sa population (source = INSEE(1) + INED(2)). Tout autre chiffre est de la merde car c’est très compliqué de compter ; donc, seules les données du recensement sont à peu près fiables. »

(1) INSEE (Institut National de la Statistique et des Études Économiques)

(2) INED (Institut National des Études Démographiques)

 

Là, cousin doit répondre que « c’est quand même pas rien 6,5 millions ! » (il a pas entendu le 10 % car, rappelons-le, il a écouté plein de gouvernements, de droite surtout mais aussi de gauche, dire depuis 30 ans qu’il y en a « trop », qu’on ne peut plus tous les accueillir, qu’il faut ouvrir les yeux et ne pas laisser le regard des Le Pen récupérer toutes les voix électorales qui voient bien qu’il y a un problème).

 

2) Tu tentes alors de le raisonner avec le solde migratoire (autrement dit la différence annuelle entre le nombre de personnes qui viennent vivre en Franc et le nombre de personnes qui partent vivre à l’étranger) en lui disant que ce solde est aux alentours de 1 pour 1000 depuis 20 ans. Comme c’est compliqué, tu devras traduire : « ça veut dire que, chaque année, la France ajoute seulement 1 habitant pour 1000 habitants sous l’effet des migrations, entrées et sorties comprises ». C’est pas beaucoup 1 pour 1000, non ?

 

Là, en général, cousin ne se démonte pas et attaque : « oui mais on sait bien qui arrive en masse et qui pose problème… ». Bon, là, tu pourrais l’assommer en lui disant que c’est raciste de dire ça mais soyons moins brutaux, il est de ta famille quand même…

 

3) Tu peux continuer en douceur en rappelant qu’un immigré (ou un migrant, c’est pareil) est une personne née étrangère à l’étranger et qui vit en France depuis au moins un an, peu importe sa nationalité ou son motif migratoire.

 

Autrement dit, l’INSEE ne compte pas les personnes nées françaises à l’étranger et qui sont venues vivre en France après leur naissance (le droit du sang efface le fait qu’elles aient migré, donc les colonisateurs français de l’Afrique ne sont jamais comptés comme immigrés quand ils sont nés là-bas et viennent vivre ici…). Si on les compte (ce que fait l’ONU), 12 % des gens vivant en France sont immigrés.

Là, cousin s’affole car il ne voit pas le rapport entre français et immigrés donc on appuie là où ça fait mal…

 

4) « D’ailleurs, cousin, les immigrés peuvent devenir français par la naturalisation. Tu savais que 40 % des immigrés sont français et peuvent voter comme toi ou moi ? ».

« Oui mais on compte pas les irréguliers là ? », demande cousin désespéré.

 

5) Restons calmes car cousin attaque à son tour là où ça fait mal :

« Si on prend les chiffres du recensement, si. Cependant, il est vrai que, par définition, on a du mal à les compter tous, y compris parce qu’ils ont peur du recensement ou ne déclarent pas leur situation exacte. »

« Ah ! Qu’est-ce que je disais, y en a trop de clandestins ! » dit cousin, à nouveau sûr de lui.

 

6) Tu peux alors t’énerver un peu car tu ne sais plus comment répondre à la Bête :

« Tu vois, connard de cousin, tu focalises sur les irréguliers parce que tu ne penses pas qu’un immigré peut aussi être suédois, c’est pas nécessairement un bougnoule ou un nègre. Et beaucoup n’ont pas d’« engelures »*… Si tu ne vois pas les suédois, c’est parce que, dès qu’on parle des « migrants », on nous montre des africains qu’on essaye de noyer dans la Méditerranée ou des pauvres de l’Europe de l’est qu’on expulse. Pourtant, quand un suédois vient vivre en France, c’est un migrant de plus mais un migrant européen ! ».

« Comment ça un européen ? Un suédois ? » s’étrangle cousin.

 

7) « Cousin, en 2018, sur les 9 principaux pays d’originedes immigrés vivant en France, tu trouves zéro pays de l’Afrique subsaharienne. Et tu trouves 3 pays européens mais ni Géorgie, ni Albanie

Voir https://www.insee.fr/fr/statistiques/2381755

 

Et tu sais que les africains subsahariens représentent moins de 15 % des immigrés vivant en France ? Quant aux géorgiens, c’est tellement que dalle que j’ai pas trouvé la statistique !!! Ça manque de « noirs » et d’« engelures »*, non ? »

 

Cousin va alors chercher à s’accrocher grâce à sa fibre bretonne : « Admettons mais, en Bretagne, c’est pas pareil car on a des galettes-saucisse et les immigrés préfèrent venir ici qu’ailleurs en France. En plus, avec le réchauffement climatique, ça va pas s’arranger… ».

 

8) Allez, cousin de mes deux (c ou n, peu importe ici), écoute ça :

« on est 3,3 millions à vivre en Bretagne et la population immigrée représente, selon les dernières statistiques disponibles, environ 3 % de la population bretonne(100000 personnes), donc trois fois moins que la moyenne française (10%). En plus, les plus nombreux sont…les immigrés venant du Royaume-Uni qui représentent à eux seuls près de 15 % des immigrés. Suivent les immigrés venant du Maroc (10%), du Portugal, de Turquie, d’Algérie, d’Allemagne, de Belgique… ça manque toujours de « noirs » et d’« engelures »*, non ? ».

 

Là, cousin demande s’il y a des galettes à manger. Et puis nouveau sursaut car il lit le journal : « et les demandeurs d’asile, on en accueille bien trop, non ? ».

 

9) « Faut (des fois) lire Ouest-France, cousin.

En 2018, la France a accueilli 120000 étrangers venus faire leur première demande d’asile, ce qui représente 0,002 demande d’asile pour 1000 habitants. Et la France a enregistré, entre 2015 et 2019, un total de 400000 demandes d’asile, soit 10 % de la demande d’asile européenne alors qu’on représente 13 % de la population européenne, donc on est sous-demandés ».

« Oui mais en Bretagne ? Et les « engelures »* ? », murmure cousin affaibli…

 

10) « Selon le rapport d’activité de l’OFPRA 2018, la Bretagne a reçu 2120 premières demandes d’asile (hors mineurs accompagnants), ce qui représente 0,0006 demande d’asile pour 1000 habitants ! T’es sûr que 1000 habitants ne peuvent pas accueillir 0,0006 personne demandeuse d’asile ? Hein, ducon ?

 

Quant aux géorgiens, ils représentent, toujours selon l’OFPRA, 5 % de la première demande d’asile en France ! Tu crois pas que, à force de te faire regarder les « engelures »*, on te fait surtout aimer Le Pen ? Allez, mange ton kouign-amann et ne nous fais plus chier… ».

 

* Le terme « engelure » fait référence à une parole d’État historique de la préfète de Bretagne dans Le Monde : « L’accueil est inconditionnel mais il se fait en fonction d’un nombre de places. Et désormais nous demandons au 115 de se concentrer sur les personnes en grande détresse. La dure réalité c’est qu’entre le jeune Géorgien qui a des engelures et la femme battue, il faut discerner. »

 

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